Raymond d'Espouy
Compagnon fidèle de Jean Arlaud et apôtre de l’amitié montagnarde franco-espagnole, Raymond d’Espouy demeure, un demi-siècle après sa disparition, une des figures les plus attachantes du pyrénéisme, ce » grand seigneur des monts, si humble, si pur « , comme l’a décrit son ami Maurice Jeannel.
Né à Monléon Magnoac (Hautes Pyrénées), il étudie la peinture aux Beaux-Arts à Paris avant d’épouser la nièce d’Henri Brulle, Anne de Beaupuy avec laquelle il aura trois enfants: Philippe, Bénédicte et Chantal.
De retour à Monléon Magnoac, c’est dans cette commune rurale que se déroula sa vie laborieuse d’exploitant agricole, avec chaque jour pour fond de décor la chaîne majestueuse qui avait conquis son cœur.
Admis à la section de Toulouse du Club Alpin Français en 1913 – la même année que Jean Arlaud – il entrera dès 1920 au Groupe des Jeunes fondé par celui-ci au sein du CAF toulousain pour former des grimpeurs et amener de nouvelles recrues au pyrénéisme.
L’année suivante il deviendra membre du Centre Excursionniste de Catalogne.
Dès lors, et jusqu’en 1938, sa vie montagnarde va se trouver largement en symbiose avec celle de son ami Jean Arlaud : exploration méthodique du massif des Posets où il s’adjuge quelques premières, participation aux camps du Groupe des Jeunes, première ascension, en compagnie d’Arlaud du pic Le Bondidier dans le massif de la Maladetta etc.
Après la mort d’Arlaud, il consacrera une bonne part de son énergie à faciliter le passage de la frontière aux montagnards des deux versants et travaillera activement a leur rapprochement; en 1949 il organise justement un premier camp franco-espagnol dans la région de Pouchergues, ainsi qu’un premier rassemblement franco-espagnol dans sa tour de Mayrègne en vallée d’Oueil.
Il publiera en 1949, en cinquante exemplaires, l’édition des souvenirs d’Henri Brulle sous le titre « Ascensions ».
En 1951 il est élu secrétaire français de la commission franco-espagnole de pyrénéisme, ainsi que président du Groupe des Jeunes.
Les dernières années de sa vie sont marquées par une intense activité montagnarde en compagnie de Pierre Billon, dans le massif du Cotiella notamment dont l’austère beauté le fascine, et où il réussit la première ascension du point culminant par l’arête nord-est, depuis la brèche de Las Brujas.
A partir de 1949 il découvre également la spéléologie, dans le massif des Posets évidemment, et son affiliation au spéléo club de l’Aude et de l’Ariège lui permet de belles explorations souterraines qui l’enthousiasment.
Il disparaît sous une avalanche le 20 février 1955, à 62 ans, dans le vallon de la Frèche, au cours d’une ascension hivernale à l’Aneto.
Mais Raymond d’Espouy n’est pas qu’un montagnard, c’est aussi un cartographe passionné et un artiste. Il acquiert l’un des deux orographes III de Franz Schrader.
Dès 1920 il participait à l’illustration du guide Soubiron en réalisant les 34 cartes et plans qui l’ornent, et en 1923 il entrait à la commission de topographie et de toponymie des Pyrénées.
Ses nombreuses courses dans le massif des Posets lui permettaient d’en établir une carte restée inédite. Il devait s’illustrer également dans la réalisation de panoramas et de tables d’orientation comme celle des Puntous de Laguian sur la RN 21, celle de Capvern les Bains, ou celle de la cote de Ger sur la RN 117 entre Tarbes et Pau.
Ses dons artistiques s’épanouirent également dans la peinture qu’il étudia entre 1911 et 1914 à l’école des beaux-arts de Paris, dans l’atelier de son oncle Hector d’Espouy ; admis à la société des peintres de montagne après la première guerre mondiale, il participa aux salons organisés par cette société pendant de nombreuses années, ainsi qu’à plusieurs expositions en province, notamment à Toulouse, Agen et Libourne. A sa mort il laissait un important œuvre peint composé d’huiles, d’aquarelles, de dessins où les Pyrénées occupent évidemment une place de choix.
L’une des pointes du Cotiella (2825 m) porte désormais son nom. Tout les ans les Montañeros de Aragon organisent une manifestation à sa mémoire.