La société Ramond
La société Ramond
Le 19 août 1864 à l’hôtel des voyageurs à Gavarnie c’est la création de la première Société de Montagnards: La Société Ramond.
Cette idée de réunir les pyrénéistes sous la forme d’un club est calquée sur celle de l’Alpine Club de Londres créé en 1857.
D’ailleurs trois des principaux fondateurs de la Société Ramond sont membres de l’Alpine club de Londres: il s’agit de Henry Russell (Secrétaire), Charles Packe (secrétaire adjoint) et E.Maxwell Lyte (Vice président). Ce dernier est un homme d’une culture immense, un touche à tout scientifique, qui va populariser les sites Pyrénéens par la photographie.
Voici le récit de cette soirée historique relaté par Émilien Frossard (président) dans le procès-verbal de la séance :
« Le 19 août 1864, cinq amis prenaient leur repas du soir à l’hôtel Bélou à Gavarnie; c’étaient M. Charles Packe, le comte Henry Russell Killoug, l’auteur de cet écrit et ses deux fils ; ils devisaient sur les courses de la journée ; l’un venait de cueillir des plantes dans les hautes de l’Allantz, un autre descendait des pentes de l’Astazou par les périlleuses roches blanches, un autre venait de parcourir les crêtes supérieures du Marboré, jusqu’à la cime extrême du Cylindre; deux autres, parmi lesquels le plus âgé de la compagnie, avaient accompli des hauts faits moins brillants, s’étant contentés d’une promenade géologique jusqu’à la frontière d’Espagne au port de Boucharo.
Chacun des convives apportait des trésors de son choix, qui des pierres, qui des plantes, qui des émotions et d’impérissables souvenirs et tous s’accordaient à plaindre les oisifs des villes qui ne connaissaient pas les virils exercices commandés par les grandes excursions, ni les saines jouissances attachées à la contemplation de la nature sous ses aspects sauvages et sublimes…
Il leur vint à la pensée qu’ils pourraient bien se liguer contre cette oisiveté et cette indifférence malsaines et attirer à l’exploration et à l’étude de nos belles montagnes les jeunes hommes auxquels il ne manque qu’une première impulsion pour prendre leur élan vers les hautes régions où l’on respire à pleins poumons un air exhilarant et où l’esprit se dilate et le cœur se rassérène.
Ce fut alors qu’ils conçurent la première pensée d’une Société d’Exploration Pyrénéenne; quelques jours après, ils fondaient avec quelques amis, à Bagnères-de-Bigorre, la société Ramond. »
L’idée ayant suivit son cour, les cinq membres fondateurs se retrouvent le mois d’octobre suivant, à Bagnères de Bigorre, au domicile d’Émilien Frossard.
Pour Russell, il faut limiter l’adhésion aux seules personnes ayant gravi au moins un « 3000 ». Frossard refuse de privilégier l’aspect sportif et désire plutôt que leur association se consacre essentiellement à l’étude scientifique des Pyrénées : « Une large étude de la chaîne Pyrénéenne et non seulement exciter des acrobates à monter plus haut et accomplir des performances inégalées ».
Comme nom de baptême de leur association, Russell, propose « le club des isards ».
Frossard intervient encore: « Il fallait donner un titre à cette association, pas vague ou abstrait mais concret et historique … un titre qui se rattache à un nom qui rappelle les premières, les plus belles explorations tentées dans les Pyrénées, le nom d’un intrépide voyageur, d’un botaniste distingué, d’un géologue qui pressentit quelques-unes unes des plus belles théories acceptées de nos jours, d’un historien calme, impartial, élevé, d’un littérateur distingué par l’élégante pureté de son style et par le sentiment toujours sincère du beau, du vrai, du bien …. Un nom résume tout ce programme, un homme a réuni le courage de l’explorateur, la science du botaniste, la pénétration du géologue, … celui-là même dont la grande mémoire vous inspire une juste vénération: Louis-François-Elisabeth Ramond de Carbonnières. »
Adopté ! Tout le monde est d’accord, la société Ramond vient de naître. Rapidement de nouveaux et illustres membres vinrent renforcer la Société: c’est ainsi que de nombreux grands pyrénéistes écrivirent dans le bulletin « Explorations Pyrénéennes » .
Très dynamique, la société fut à l’origine de la création de l’observatoire du Pic du Midi de Bigorre.
La société est encore en activité et édite toujours son bulletin.