L'histoire de la conquête du Vignemale
L'histoire commence par une énigme...
En 1787, l’astronome Vidal et le chimiste Reboul entreprennent le nivellement des Pyrénées. Ils donnent au Vignemale l’altitude de 3353 mètres.
Le mercredi 01 août 1792, des bergers érigent un signal au sommet du Montferrat sous les ordres de Louis-Philippe Reinhart Junker qui dirige une équipe de géodésiens chargés d’établir les limites de la frontière et de définir l’altitude des sommets.
Ce sont sûrement ces mêmes bergers qui, le lendemain, dressent un autre signal au sommet de la Pique-Longue.
Ainsi, le 02 août 1792, le Vignemale est vaincu. Junker lui donne la cote de 3290 m. L’histoire n’a pas retenu le nom de ses premiers vainqueurs.
La première du Petit Vignemale
Fin août 1798 La Beaumelle (professeur d’histoire naturelle) chargé par son ami Ramond d’étudier la géologie du massif, atteint le sommet du Petit Vignemale par la vallée d’Ossoue.
En 1805, Pierre Toussaint de La Bouliniére, secrétaire général de la préfecture de Tarbes effectue la seconde du petit Vignemale avec un guide en partant de Cauterets.
Reboul remesure l’altitude des principaux pics Pyrénéens en 1816. Il attribue au Vignemale une nouvelle cote de 3352 mètres.
Vincent Chausenque
En 1822, du sommet du Monné, la vue sur le Vignemale donne à Vincent Chausenque l’ambition de le conquérir.
Le 30 juin 1822, il part de nuit avec le guide Jean … de Cauterets avec l’idée « d’éviter le glacier d’Ossoue et de passer successivement de l’une à l’autre des quatre pènes que présente le Vignemale vu du nord ».
Ils remontent la vallée jusqu’au lac de Gaube puis passent au col d’Ossoue d’où ils montent au Petit Vignemale. Ils poursuivent « sur les anfractuosité d’une crête aiguë, ayant toujours sous les yeux de part et d’autres la profondeur des glaciers » et au bout d’une heure ils se retrouvent au sommet de la seconde pène (3204 m) ou Chausenque comprend qu’ils n’iront pas plus loin. (Ce sommet, le plus haut des Pyrénées Françaises, se nomme depuis Pointe de Chausenque). Le retour s’effectue par la hourquette d’Araillé, le lac d’Estom et la longue vallée du Lutour.
Après 19 heures et demi de marche ils sont de retour à Cauterets.
En 1826, une nouvelle équipe de géodésiens remesure les sommets Pyrénéens et donne au Vignemale l’altitude que nous lui connaissons aujourd’hui: 3298 mètres.
En juillet 1827 repris du désir de vaincre le Vignemale, Chausenque monte au Piméné d’où il l’observe longuement à la lorgnette, afin d’étudier les voies possibles pour atteindre le sommet de la Pique Longue. Il finit par le déclarer inaccessible du coté français et il y renonce pour toujours.
La première ascension connue
Le 08 octobre 1837, (45 ans après les premiers ascensionniste) c’est la première ascension connue attribuée à Henri Cazaux guide de Luz et à son beau frère Bernard Guillembet.
Ils montent par le glacier d’Ossoue et bivouaquent au sommet. Le lendemain, ils descendent par le couloir de Cerbillona.
Une anglaise au Vignemale
Miss Ann Lister (1791-1840) nait à Halifax (Yorkshire). Elle devient la seule héritière de la famille et une bonne fortune lui permet de vivre de ses rentes.
Après un premier voyage dans les Pyrénées en 1830, Miss Ann Lister y revient en 1838 avec une amie. Elles arrivent à Luz le 09 juillet, ou Ann embauche son ancien guide Jean-Pierre Charles et Jean-Pierre Sajous.
Les deux amis randonnent à cheval dans les environs. Mais Miss Ann Lister à envie d’une grande aventure. Ainsi le 24 juillet, du sommet du Piméné elle cherche un itinéraire pour aller au Vignemale, mais conclut qu’il est inaccessible par le coté français à cause du glacier.
Elle se rend à Gedre pour aller voir Henri Cazaux, le seul à avoir atteint le sommet. Elle l’engage sur le champ et prépare l’ascension pour fin juillet.
Le mauvais temps la contraint a repousser l’ascension. Mais un concurrent sérieux pour la première ascension de touristes se présente: le Prince de la Moskova. Il retient également Cazaux. Lorsque Ann est informée des projets de son concurrent elle décide de partir immédiatement.
Le lundi 06 août, malgré un temps maussade, elle prend le chemin du Vignemale avec les guides Cazaux et Guillembet (les deux premiers vainqueurs du Vignemale) ainsi que Charles et Sajous. Ils passent une courte nuit dans la cabane de Saoussat Débat, et à 2 H 45 la petite troupe part pour le Vignemale.
Le sommet est atteint à 13 heures, ce 07 août 1838 (Troisième ascension).
Miss Ann Lister rentre dans l’histoire du Pyrénéisme à 47 ans, en devenant la première femme et la première touriste qui atteint le sommet du Vignemale.
Elle écrit son nom et ceux de ses guides sur une feuille qu’elle glisse dans une bouteille et à 14 h 10 c’est le début de la descente par la même voie. A 20 heures de retour à la cabane de Saoussat Débat, Ann, très fatiguée dort deux heures. A minuit moins le quart, Cazaux, devant guider le lendemain le Prince de la Moskova, part pour Gédre. Ann et ses deux guides arrive à Gavarnie à 1 heure le mercredi 08 août.
Le col situé entre le pic de Cerbillona et le pic Central se nomme col Lady Lister en souvenir de cette ascension.
4 jours plus tard, le 11 août 1838, le prince de la Moskowa, avec son frère et son domestique, réussi la quatrième avec les guides Cazaux, Guillembet et Vincent de Luz, Baptiste Bareilles de Gavarnie et Jean Marie de Saint Sauveur.
Mais, depuis l’ascension de Ann Lister, la bouteille contenant les noms des vainqueurs a disparu du sommet. Cazaux à laissé croire au Prince qu’il est le vainqueur et lui dit que Ann Lister a abandonné plus bas.
De retour d’un court séjour en Aragon, elle apprend la chose par le guide Jean-Pierre Charles. Indignée elle va trouver Cazaux et exige qu’il lui fasse un certificat prouvant sa victoire, sinon elle ne le paiera pas. Cazaux avoue devant témoins: elle est bien le vainqueur du Vignemale. Il essaie de se justifier: le prince n’aurait plus voulu monter si il avait su la montagne vaincue comme il venait faire une première et il a besoin d’argent…
Il fait donc ce certificat à Ann:
« Je soussigné, Henri Cazaux, demeurant à Gèdre, déclare pour rendre hommage à la vérité, que le sept du mois d’août, j’ai servi de guide à Madame Ann Lister de Shibden Hall pour l’ascension qu’elle a faite le dit jour. Elle avait avec elle deux autre guides qu’elle avait pris à Luz, Jean-Pierre Charles et Jean-Pierre Sajous. Je certifie que tous ensemble nous sommes parvenus à la pointe la plus élevée du Vignemale et que, à ma connaissance, personne d’autre n’a jamais monté si haut. En preuve d’ascension, il a été dressé une espèce de colonne en pierres dans le milieu de laquelle nous avons mis une bouteille renfermant un papier que madame Lister a écrit à la date du sept août, ses noms et les noms de ses guides; cette preuve matérielle durera longtemps si quelque autre voyageur aussi intrépide que Madame Lister ne va détruire ce petit monument.
En foi de quoi, à Gèdre, le 17 août 1838.
Signé en présence de Cazaux Henri, Alambon, Jean-Pierre Charles et Jean-Pierre Sajous, soussignés, attestent la vérité des faits rapportés dans la déclaration ci-dessus.
Henry Russell: le seigneur du Vignemale
Henry Russell, dont le destin est lié au Vignemale, y monte pour la première fois le 14 septembre 1861 avec le guide Laurent Passet. Il y revient sept ans après en 1868 avec Hippolyte Passet.
Pour sa troisième ascension du Vignemale, Henry Russell, et les guides Hippolyte et Henri Passet réalisent la première hivernale le 11 Février 1869. C’est la première grande ascension hivernale effectuée en Europe.
Le 26 août 1880, Russell passe la nuit à la belle étoile à la Pique-Longue. Cette nuit là, il prend la décision d’entreprendre la construction des grottes. Il fait creuser sept grottes. Le travail s’étale de 1881 à 1893. Un forgeron de Gèdre installe au col de Cerbillonna une forge de fortune pour réparer les outils.
Le 01 août 1882 la première grotte est achevée; c’est la villa Russell située à 3205m d’altitude au col de Cerbillonna (3 m de long, 2.5 m de large et 2 m de Haut.) Russell habite sa grotte pendant trois jours. Le 12 août 1884, il la fait bénir ainsi que le Vignemale. Trois messes sont célébrées devant une assistance d’une trentaine de personnes.
Sa passion pour cette montagne, le poussera à en louer la propriété pour une durée de 99 ans le 10 Octobre 1889.
L’ère Brulle: premières voies vers le sommet
Henri Brulle monte pour la première fois au sommet du Vignemale, par l’itinéraire du Prince de la Moskowa, avec le comte de Saint Saud, et les guides cauterésiens Sarrettes et Latapie, le lundi 16 août 1874.
Il revient cinq ans plus tard avec Jean Bazillac et les guides Sarrettes et Bordenave, pour une course historique qui ouvre l’ère du Pyrénéisme de difficulté.
En effet, le 12 Août 1879, ils effectuent la première ascension du Vignemale par le couloir du Clot de la Hount. [Lire le récit de cette première]
Le Samedi 26 juillet 1884, Brulle et Célestin Passet tentent la première ascension par l’arête de Gaube. Ils stoppent 100 mètres en dessous du sommet. Cette escalade ne réussie que 24 ans plus tard.
Le 07 août 1889, sera le point culminant de la carrière d’Henri Brulle. Avec Jean Bazillac, Célestin Passet, Roger De Monts et François Bernat-Salles il participe à la première ascension du Couloir de Gaube. C’est à l’époque le plus grand exploit jamais réalisé dans les Pyrénées.
A cette occasion, Célestin Passet taille dans la glace un escalier de 1300 marches. A la sortie, le petit piolet de Brulle qui lui permet de sauver l’escalade, s’appellera par la suite: « fleur de Gaube ».
Le Jeudi 31 juillet 1890, Henri Brulle, Célestin Passet, François Bernat-Salles et Roger de Monts réalisent la difficile première du petit Vignemale par le glacier Nord.
Le Mardi 25 août 1891, avec François Bernat-Salles et Célestin Passet, Henri Brulle fait le Mont-Perdu et le Vignemale dans la journée. Partis à minuit et demi de Gavarnie, ils y seront de retour à 19 heures.
Le Mardi 28 août 1894, Henri Brulle, Roger De monts et Célestin Passet réalisent la première du Montferrat par le glacier Est.
Le trophée du Vignemale
L’origine du trophée du Vignemale remonte au début du XX siècle.
Une querelle de clocher pour affirmer la suprématie d’une compagnie de guide est à l’origine de cette épreuve. A l’époque, les guides de Gavarnie sont de loin les plus célèbres des Pyrénées. La compagnie de Cauterets décide de lancer ce défi d’une couse au Vignemale.
Le Cauteresien Alphonse Meillon est un des principaux initiateur de cette course.
Le dimanche 24 juillet 1904 c’est l’effervescence à Cauterets pour la première édition de la course. Guides, bergers, chasseurs et amateurs de toutes les contrées (sauf la compagnie de Gavarnie qui ne viendra pas relever le défi !) prennent le départ de cette course folle.
Le parcours est le suivant: Cauterets, lac de Gaube, Oulettes, Hourquette d’Ossoue, Baysselance, Pique Longue et retour par le col de Labas, Estom, la vallée du Lutour et La Fruitiére avant de revenir à Cauterets.
Trois Cauterésiens arrivent aux 3 premières places: Jean-Marie Bordenave (il réalise le temps de 6 H 01 m), Dominique Bordenave, et Henri Labasse.
A l’époque l’événement fait grand bruit et on le relate dans certains ouvrages :
« Il vient de se passer dans les Pyrénées, à Cauterets, un événement digne de figurer en bonne place dans les annales sportives. L’idée d’organiser une course de guides et de touristes en pleine montagne, de lancer des hommes chaussés d’espadrilles et armés de bâtons au milieu des crevasses béantes, à la conquête du plus haut pic des Pyrénées françaises, dont l’ascension exige d’ordinaire quatorze à dix-huit heures. Le concours de Compagnons expérimentés et braves, constitue une audacieuse innovation… Le programme consistait à parcourir la distance de Cauterets à Cauterets (935 m), en atteignant la cime du Grand Vignemale (3298 m) en franchissant le col de Labasse à la côte 2910 m, ce qui représentait une distance de cinquante deux à cinquante quatre kilomètres » (Texte de Henry Spont en 1904)
Pour la seconde édition de 1906, seuls les guides de Cauterets acceptent de prendre le départ. Pour la deuxième fois Jean-Marie Bordenave, remporte l’épreuve en battant son propre record en 5 h 22 m. Il devient alors « Le Champion du Vignemale »
Le refuge de Baysselance
A l’initiative d’Adrien Baysselance (ancien maire de Bordeaux) le CAF du Sud Ouest fait construire en 1899 un refuge sur le versant Est de la Hourquette d’Ossoue, à 2650 mètres.
L’inauguration a lieu le 26 août 1900 et le refuge est gardé dés cette année là.
Après le refuge de Tuquerouye construit en 1889, c’est le second refuge édifié dans les Pyrénées par le CAF.
Appelé à l’origine, refuge du Vignemale, il porte aujourd’hui le nom de l’initiateur de sa construction.
Des skis au sommet...
Le 15 mai 1904, Louis Falisse, Donnay, Cintrat et Bourdil arrivent au Vignemale. Après être montés à ski aux grottes de Cerbillona, à 3200 mètres, ils poursuivent ensuite à pied à toute crête, depuis le pic du Clôt de la Hount jusqu’à la cime de la Pique Longue.
En Août 1908 d’Ussel et les guides gavarniens Castagné, Courtade et Bernat-Salles, réussissent la première du grand Vignemale par l’arête de Gaube.
Les années 30
Le 06 juin 1927, Jean Arlaud et Charles Laffont tentent de réaliser la seconde ascension du couloir de Gaube, 38 ans après la première. Mais ils doivent faire demi tour au bloc de glace à la sortie du couloir.
A cette époque, seul François Cazalet pense qu’il sera un jour possible de rééditer l’exploit de Célestin Passet et de ses compagnons. Malheureusement pour lui, il sera distancé pour la seconde ascension par Henri Barrio, Joseph Aussat et Joseph Loustaunau, le 13 juillet 1933. [Lire le récit de cette seconde ascension]
Deux jours après, le 15 juillet, il se console en effectuant la troisième ascension avec ses compagnons Henri Lamathe, Jean Senmartin et Robert Ollivier. [Lire le récit]
Le 07 août 1933 Jean Arlaud, G.Lescamela et P.Souriac font la première de la pointe de Chausenque par l’Aiguille des Glaciers.
Le 08 août 1933, Henri Barrio et Robert Bellocq réussissent la premiére de la face Nord de la Pique Longue haute de 800 mètres. [Lire le récit]
Le 08 juillet 1934, Robert Ollivier, G. et J.Santé réussissent la quatrième ascension du couloir de Gaube.
Le 07 juillet 1935, première variante dans la face Nord par G.Arruyer, B.Fauqué et Robert Ollivier.
La première hivernale de la face Nord
Le 27 Février 1949, Bernard Clos et Marcel Jolly réalisent la première hivernale de la face Nord. [Lire le récit]
La conquête de la face Nord
Sous l’impulsion des frères Ravier, ainsi que d’autres grimpeurs de premiers plans, les itinéraires les plus complexes de la face Nord commencent à tomber au début des années 50.
Les « délinquants de l’inutile », dernière voie ouverte en 1994, clos la conquête du Vignemale.
- Aiguille des Glaciers Face NORD, D- 300 m Par Robert Ollivier et A.Pracherstorfer, le 13 septembre 1936.
- Aiguille des Glaciers Éperon NORD OUEST, D 350 m Par Robert Ollivier et G.Chabanneau, le 23 août 1946. Première hivernale: P.Marlier, J et P Ravier, M.Souverain, les 5 et 6 mars 1965
- Couloir Arlaud-Souriac TD 600 m Par P.de Bellefon et M.Haegelin en août 1960. Première hivernale: T.Bedel, D.Gillereau, B.Prat, le 10 mars 1978.
- Pointe de Chausenque Face NORD directe, ED (A3/6a), 700 m Par J.Bescos, R.Montaner, J.Vicente les 20,21 et 22août 1961 pour le bas, avec sortie par la diagonale. P.de Bellefon, P.Mirabal, H.Paradis, S.Sarthou, les23 et 24 septembre 1962 pour le haut.
- Pointe de Chausenque Voie de la diagonale, TD, 600 m Par Philippe Marchant, Robert Ollivier, L.Thiard le 12 juillet 1945.
- Pointe de Chausenque Éperon Nord Ouest, TD, 700 m Par F.Boyrie et J.Simpson, le 04 juillet 1945. Première hivernale: L.Audoubert, P.de Bellefon, H.Butel, P.Mirabal en janvier 1971. Premier solo hivernal: Lionel Daudet en décembre 1991.
- Couloir de l’Y V-/5+, 90° dans le cigare, plus mixte. Par J et P.Ravier, les 28 et 29 mars 1965. Première solitaire: Yan Raulet en novembre 1993.
- Piton Carré Face Nord, TD, 350 m Par J et P.Ravier, J.Teillard le 31 juillet 1954. Première hivernale: U.Abajo et J.Ibarzo les 3, 4 et 5 janvier 1967. Premier solo hivernal: J-P Béard, 1983.
- Couloir de Gaube IV+/4+ (55° puis cascade à 85-90°) Par J. Bazillac, F. Bernat-Salles, H. Brulle, R de Monts et Célestin Passet le 07 août 1889. Première hivernale: P de Bellefon et R.Despiau, le 20 janvier 1964.
- Pique Longue Face Nord, D+, 900 m Par H.Barrio et Bellocq, le 08 août 1933. Première hivernale: B.Clos et M.Jolly, le 27 février 1949. Premier solo hivernal: F.Ribeyrol, mars 1979 (sous réserve). Pique Longue Sortie directe, TD, 180 m Par F. Gothier, J et P. Ravier, le 30 juillet 1967.
- Les Délinquants de l’inutile ED (90°, A3) 750 m Par Benoît Dandonneau, Christian Ravier et Rémi Thivel le 24 Mars 1994.
- Pique Longue Éperon Nord, ED- (6b+) 750 m Ouvert en trois fois: Par P de Bellefon, R. Despiau, P. Mirabal, S et T. Sarthou en août 1965. Par P de Bellefon, R. Despiau en septembre 1966. Par F.Cassou, R.Despiau, J-C. Lucquet en 1967. (Première intégrale) Première hivernale: J. Athanase, G. Gonzalez, G. Rodgé et J-C Coste durant l’hiver 83. Premier solo hivernal: R.Thivel, les 28 et 29 janvier 1993.
- Arête de Gaube Dièdre jaune, ED (A2/6b) 550 m Par J et P. Ravier, les 19 et 20 juillet 1964. Première solitaire et première hivernale: J. Thinières en mars 1993.
- Arête de Gaube Voie Despiau-Lucquet, ED+ (A3/6b) 500 m Du 20 au 23 juillet 1969. Première solitaire et première hivernale: J. Thinières en janvier 1994. Quatre bivouacs.
- Arête de Gaube Pilier Nord, TD+, 450 m Par J.L Lechêne et J.Sebben le 17 juin 1967.
- Arête de Gaube Goulotte Espagnole, IV/4 (80° puis 50°) 400 m Date et auteurs inconnus.
- Pique Longue Couloir du Clôt de la Hount, IV-/3+ (50°,passage mixte 70° ou IV-), 400 m. Par J.Bazillac, Bordenave, H.Brulle, Sarettes le 12 août 1879.
- Pic du Clôt de la Hount Couloir Ledormeur, III/3- (45°), 300 m. Par G. Ledormeur et Paimparey, le 05 août 1906.
- Petit Vignemale Face Nord directe, TD+, 300 m Par J.Couzy et J.Soubis le 08 juin 1958.
- Petit Vignemale Goulotte Lechêne, IV/4+ (passages à 80°) 300 m Par J.L. Lechêne et C. Santoul en mai 1975.
- Petit Vignemale ÉperonNord Ouest, AD+, 350 m Par H. Brulle, C. Passet et F. Bernat-Salles le 31 juillet 1890. Première hivernale: J-L. Lechêne et J.Poudré le 17 mars 1967. Premier solo hivernal: J-C. Coste le 14 mars 1982.
- Col des Glaciers Voie des séracs, III/3, 350 m Par Marie-louise Orta, J. Arlaud et C. Laffont le 16 juillet 1926. Première hivernale: J. Genegriera, M. Martin, J. Matas, et F. Sabat le 23 mars 1967.
Bibliographie
Premiere ascension du Vignemale, le 7 Aout 1838
de Luc Maury
Ann Lister réalisera la première ascension touristique du Vignemale le 7 août 1838. Le Prince de la Moskowa en fit la deuxième le 11 août, et son récit publié le 13 septembre de la même année dans la «Revue des Deux Mondes», où il faisait silence du passage précédent, fit tomber dans loubli la première. Les vingt quatre volumes du journal manuscrit inédit (1817-1840) dAnn Lister furent découverts à la bibliothèque dHalifax (Yorkshire) par Miss Vivien Ingham. Elle publia dans lAlpine Journal de novembre 1968 le texte du Vignemale, tandis quune publication jumelée en langue française par Luc Maury vit le jour en novembre 1969 dans «Pyrénées». Ce même auteur publie ici une version beaucoup plus complète du récit. On y suit les événements vécus par Ann Lister du 8 juillet au 30 novembre 1838. Ces pages inédites traduites du texte anglais manuscrit retrouvent ainsi par la publication la lumière des bibliothèques pyrénéistes.
Excursions autour du Vignemale
Alphonse Meillon
Enfant du pays, chasseur et montagnard, parlant la langue des bergers, ce membre fondateur de la commission toponymique mise en place par le Club Alpin Français impose les dénominations des lieux en s’appuyant sur l’histoire séculaire des vallées et des hommes. Son livre Excursions autour du Vignemale fait toujours œuvre de référence plus de quatre-vingt ans après sa première parution en 1926.
Écrit en 1928, réédité en 2010. Récit des campagnes de mesures en vue du dressage des cartes du secteur Vignemale. Nombreuses notes toponymiques et iconographie remarquable.
L’aventure du Vignemale (Témoignages retrouvés)
Didier Lacaze
Dire l’histoire du Vignemale, à travers les témoignages de ceux qui l’ont faite, ce n’est pas seulement retrouver l’histoire du plus haut sommet des Pyrénées françaises, c’est aussi croiser une extraordinaire galerie de portraits, depuis La Baumelle jusqu’à Violet-Le-Duc ou Napoléon-Joseph Ney et le comte Henry Russel. Voyageurs prudents, vainqueurs imaginaires, journée des dupes, épopée russellienne, temps des virtuoses, temps des foules : ainsi Didier Lacaze scande-t-il l’aventure glorieuse et mal connue d’un pic à propos duquel il questionne : « A-t-il encore des amoureux, suscite-t-il encore des passions, des regards émerveillés? »
Henry Russell et ses grottes : Le fou du Vignemale
De Marcel Pérès
Le comte Henry Russell, inventeur du pyrénéisme d’exploration, effectua dans sa jeunesse de périlleux voyages en Asie, en Océanie et en Himalaya qui inspirèrent Jules Verne.
Il se prit ensuite de passion pour le Vignemale, plus haut sommet des Pyrénées françaises, dont il réalisa trente-trois fois l’ascension. Sa notoriété exceptionnelle se transforma en célébrité lorsqu’il décida de consacrer toute sa fortune à percer sept grottes sur cette montagne, à différentes altitudes, en raison des caprices du glacier d’Ossoue. C’est dans ces cavernes que ce solitaire excentrique aimait aussi tenir salon, exacerbant les critiques et les passions ! Celui qui fut surnommé affectueusement « le Fou du Vignemale » obtint en 1889 le droit de régner sur ce sommet prestigieux et son glacier, par un bail de 99 ans consacré par arrêté préfectoral.
La légende d’Henry Russell, l’ermite « qui avait épousé une montagne », était bien née, confortée, il est vrai, par la richesse exceptionnelle de sa personnalité et par son œuvre littéraire.