» Vers les années 1875, une Parisienne en compagnie de quatre guides, partit de Luz pour le Mont-Perdu. Après une nuit à la belle étoile au pied du sommet convoité, la caravane atteint le sommet à 10 heures. Au sommet du Mont-Perdu, dans le creux d’une roche, se trouvait une bouteille, où tous les précédents voyageurs avaient déposé sur de frêles morceaux de papier une pensée, un rêve, un mot du cœur, un cri de l’âme, une espérance, un regret, un souvenir.
Eh bien ! Mme L. eut le triste courage de disperser au vent ce dépôt sacré, et cela pour une puérile satisfaction d’amour-propre, pour avoir le droit de dire dans un salon de la Chaussée-d’Antin:
» Vous ne trouverez que le nom d’une femme sur la dernière crête du Mont-Perdu ! «
Au reste, cette indigne conduite ne tarda pas à recevoir un juste châtiment. Un jeune étranger, dont nous regrettons vivement d’avoir oublié le nom, n’eut pas plus tôt appris cette fraude peu innocente, qu’il partit de Saint-Sauveur et parvint heureusement au sommet du Mont-Perdu.
Huit jours après, Mme L. recevait dans son hôtel, à Paris, la carte de visite qu’elle avait déposée dans l’aire des aigles, à plus de trois mille quatre cents mètres au-dessus de l’océan. «
Extrait de » Promenades et escalades dans les Pyrénées » de Jules Leclercq