En 1934, René Vietto, jeune grimpeur Cannois de 20 ans, participe au Tour de France pour la première fois, au sein de l’équipe de France, pour épauler son leader, Antonin Magne.
La traversée des Alpes lui permet de révéler ses dons exceptionnels de grimpeur en remportant consécutivement deux étapes. « Le Roi René », gagne encore chez lui à Cannes, provoquant des scènes d’enthousiasme indescriptibles
Au départ de la 15° étape, de ce Tour de France 1934, de Perpignan à Ax-Les-Thermes (158 km) Antonin Magne, porteur du Maillot Jaune, n’a que deux minutes d’avance sur son seul rival sérieux: l’italien Giuseppe Martano.
Magne attaque dans l’ascension de Mont-Louis puis dans l’ascension du col de Puymorens. Dans la descente,Vietto est avec Magne quand celui-ci chute et casse sa roue avant. Vietto donne alors sa roue avant au maillot jaune, qui se lance à corps perdu dans la descente. A l’arrivée, Antonin Magne franchit la ligne avec seulement 45″ de retard sur Giuseppe Martano. L’étape est remportée par Roger Lapébie.
Le lendemain, au cours de l’étape Ax-Les-Thermes – Luchon (165 km) Magne chute à nouveau dans la descente du Portet d’Aspet. Vietto fait demi-tour pour céder son vélo a Magne. Il ne peut réprimer des larmes de tristesse qui émeuvent la France entière.
Antonin Magne remportera son second Tour (après celui de 1931) devant Giuseppe Martano et Roger Lapébie.
René Vietto Le Tour 1934 avait fort mal commencé pour ce jeune Cannois de 20 ans, car ayant pris du goudron dans l’œil il avait concédé 54′ à Evian. Malgré ses deux victoires dans les Alpes (Aix les Bains – Grenoble et Gap – Digne) et une troisième victoire d’étape chez lui à Cannes, il aborde les Pyrénées avec 22′ de retard sur Magne. Il perd 4’33 » dans le Puymorens, puis 4’35 au Portet d’Aspet. Soit au total 9’8″. Malgré une autre victoire dans les Pyrénées (Tarbes – Pau), René Vietto termine 5ème à Paris.Hélas, celui-ci ne retrouva jamais ses jambes de 1934 et sa carrière, amputée par la guerre, n’aura pas le lustre espéré. Il ne gagnera jamais le Tour de France, mais il a écrit une des plus belles pages de la Légende du Tour de France, après s’être sacrifié à deux reprises pour son leader. |
Antonin Magne « Cela se passait dans une petite descente après le Portet d’Aspet. En voulant démarrer et rejoindre Gissels et Martano qui étaient devant, ma roue arrière s’est bloquée, ma chaîne était enroulée autour de mon pédalier, je ne pouvais plus réparer. Tous mes camarades étaient devant, la camionnette était loin derrière et, pendant quelques secondes, j’ai bien cru que tout était fini. Je désespérais, lorsque surgissait tout à coup, dans un virage plus bas, René Vietto qui grimpait à toute allure. Il avait fait demi tour et il venait m’apporter sa bicyclette. Aussitôt j’enfourchais celle ci et je retrouvais quelques mètres plus loin Roger Lapébie qui nous attendait. C’est lui qui mena constamment jusqu’au sommet du col des Ares. Je ne l’avais jamais vu si bien monter. Dans la descente il continuait à mener et je ne sais à qui je dois le plus aujourd’hui de Vietto ou Lapébie. » |